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Via romance génocide ambiant 2020

En 2022, le disque a fêté ses 30 ans. (Re)découvrez le dans sa nouvelle version disponible en ligne sur https://viaromance.bandcamp.com/
Le musicien Marc Poitvin nous renseigne sur sa vision personnel de la genèse de l’album original et nous en explique ci-dessous, chanson après chanson la récente refonte orchestrée par ses soins.

« Le titre Génocide ambiant résumait à lui seul cette période chaotique qui s’articulait autour de l’enregistrement de l’album : Le producteur remercié, les problèmes techniques du studio Lyonnais qui devait nous accueillir pour le mixage, la main cassée de Frank, ma bronchite, nos récents désaccords artistiques dans le groupe et pour finir - mais ça nous ne le savions pas encore - le renvoi de Jean-Pierre Weiller, alors président directeur général de Island Records France avec qui nous venions de signer. Jean-Charles a une interprétation complémentaire au sujet du titre de l'album. Il m'a rappelé que cette période coïncidait avec celle des guerres du Golfe et de Yougoslavie et à fortiori des génocides qui les accompagnaient. Plus tard vers 1995, avant de jouer me rappelait-il également, nous avions souvent des discussions un peu «  métaphysiques  » et Frank n'hésitait pas à mettre en avant l'ère de Kali Yuga, synonyme de dégénérescence et chaos comme nous le vivons en ce moment.

Etrangement, les titres accompagnants les publications de Via romance ont souvent été prémonitoires. Arriver à terme annonce nos signatures avec une maison de disques et une maison d’éditions, soit : le but de Via romance enfin atteint. Le plus beau jour de ma vie résument on peut le dire notre firmament artistique et médiatique et pour finir Génocide ambiant les prémisses de notre chute. On peut d’ailleurs dire que les premières mésententes et tensions lourdes dans le groupe surgirent à ce moment là, faisant suite hélas à une ascension qui jusque là s’articulait sans fausses notes et d’une façon exemplaire. La tâche ne fût pas aisée pour l’ingénieur du son Didier Le Marchand et connaissant bien le dossier, on peut dire qu’il s’en est admirablement sorti. Il a tout mis en œuvre d'un point de vu technique comme humain pour que l'enregistrement se déroule dans de bonnes conditions et ce ne fût pas une mince affaire. Je reste toujours perplexe par rapport aux choix que nous avons pu faire quant à la distillation de nos chansons sur tel ou tel CD promo. A part pour la compilation Contresens, nos sélections ont toujours été désastreuses. Nous prenions à priori un malin plaisir à y fourguer des titres compliqués alors que nous en avions d’autres plus abordables. Comme si nous ne voulions jamais faire simple, évident. Pour cette version 2020, n’ayant pas accès aux bandes magnétiques enregistrées en studio il m’a été impossible d’agir sur les mixages originaux et de ce fait isoler les voix ou instruments, ce qui a rendu difficile parfois le remodelage des chansons. Tout au plus, je pouvais gonfler une mélodie en la doublant ou agir sur la structure d’un morceau en effaçant ou en dupliquant certaines parties. Excepté les rares voix que j’ai pu rajouter, n’importe qui en partant des simples fichiers du CD aurait donc pu s’amuser à faire la même chose. Mes mots d’ordre étants : Mieux vaux supprimer que rajouter, j’allai le plus souvent à l’essentiel en me débarrassant du superflu, privilégiant également les versions courtes aux longues. On a souvent écrit dans les chroniques de Génocide ambiant que j’abusais des vocalises et je suis d’accord. Bon nombre d’entres elles n’apportent rien et pire, alourdissent les chansons. Je me suis donc efforcer de gommer dans cette version 2020 les voix que je jugeais futiles tout en étant conscient d’être dans l’impossibilité de le faire quand celles-ci pour des raisons purement techniques ne pouvaient être effacées. Je tentais également de briser notre marque de fabrique qui sur ce disque se résumait à ne jamais opter pour le schéma ordinairement utilisé pour la construction d’une chanson pop. Le problème étant que nous nous enfermions d’une manière similaire dans notre propre schéma. Les libertés que j’ai prisent dans la réalisation de ce projet sont sommes toutes sans réel chalenge puisque le disque est disponible dans sa version première sur Bandcamp. Libre aux auditeurs de choisir les versions qu’ils préfèrent ».

 

1/ Sans foi ni loi

Genèse : A l’origine, l’idée de l'introduction de Génocide ambiant était de faire un clin d'œil à l'ouverture du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles mais avec des sonorités électroniques. Une longue progression à laquelle nous aurions dû trouver cependant un titre et non l’incorporer à la première chanson car du coup, il y avait deux intro au lieu d’une. Généralement, plus j’attends pour écrire une chanson plus je risque de perdre toute connexion avec la musique de celle-ci car c’est souvent les mélodies, l’ambiance et la nouveauté du titre qui me transportent, m’inondent d’images et de mots. Le temps passant et à trop l’écouter, la chanson me lasse et ne m’évoque plus rien. Je dois alors chercher très loin et me creuser les méninges afin d’en tirer quelque chose au niveau du texte. Sans foi ni loi est le dernier texte de l’album que j’ai écrit. Je l’ai terminé au dernier moment, alors que nous étions à la période du mixage. N’ayant pas eu le recul nécessaire pour le peaufiner, il demeure le texte le plus opaque du disque. Malheureusement pour nous, c’est la chanson qui ouvrait l’album, le track-listing musical étant déjà défini et très précis. J’aurai dû demander de l’aide à Daniel Darc avec qui je passais de nombreuses soirées puisqu’il habitait dans le même immeuble où nous logions à Paris pendant l’enregistrement. Gentil comme il l’était, je suis sûr qu’il n’aurait pas refusé. Je me souviens qu’il flashait sur les jeans trouées et rapiécées de tissus de toutes les couleurs que me confectionnais ma sœur…

Version 2020 :  Dans un soucis de changement par rapport à la version de 1992, j'ai décidé de retirer la longue intro citée plus haut. Le début de l'album y gagne en efficacité et en clarté avec les superbes riff de guitare de Jean-Charles couplés de ma rythmique aérienne. Cette première chanson ( et bien d’autres, on va le voir plus loin ) n’a pas échappée non plus à l’effacement de certaines vocalises et cela dès les premières mesures. La fin de Sans foi ni loi me semblait également raté car le morceau montait crescendo pour changer soudain d’une façon abrupte et pas très élégante. J’ai donc retiré cette partie et opté pour une prolongation de la fin façon shunt avec un rajout de notes carillonnantes pour accompagner et intensifier la formidable monté instrumentale des cuivres et des cordes arrangée par Frank.

Bilan : Une intro trop longue, un texte bancal, des vocalises inutiles et une fin en queue de poisson, ça faisait beaucoup pour la première chanson d’un premier album : J’ai donc rendu le morceau plus court, accessible et évident pour qu’on ai envie d’écouter la suite.

 

2/ Marie-Louise

Genèse : Je me souviens que nous avons échafaudé les premières mélodies de cette chanson avec Frank chez une amie qui possédait un piano. Les notes sont très simple puisqu’il s’agit d’une suite d’accords provenant - pour ceux qui connaissent - de la méthode rose. J’ai immédiatement trouvé une voix sur les notes de Frank et nous nous sommes empressés le lendemain de faire écouter le résultat à Jean-Charles. Etrangement, il n’a pas prit sa guitare mais un harmonica pour nous accompagner, ce qui accentue le charme un peu suranné que possède le titre. Fraîchement composée j’ai écrit les paroles dans la hâte parce que lors d’une interview, nous en étions tellement fière que nous voulions que le journaliste enregistre notre chanson en live pour qu’il puisse la passer à la radio au cours de son émission. Malgré le fait que nous aimions beaucoup Marie-Louise, j'ai toujours été frappé par l'engouement qu'elle suscitait sur un public de 7 à 77 ans et de provenances diverses.

Version 2020 : Des journalistes ont écrit que Marie-Louise était un demi - voire - un chef d’œuvre de la pop française. Je n’ai pas hésité cependant à la lifter d’une manière radicale. Une intro légèrement réduite, l’effacement des vocalises succédant au premier couplet - qui malgré leurs qualités artistiques et musicales me gênaient - réduisant ainsi la durée de la chanson d'une grosse minute. Parce que les onomatopées c’est sympa quand tu t’exprimes en yaourt pour trouver une ligne de chant mais sorti de ce contexte, c’est un peu fatiguant à la longue. J’ai conservé la fin de la chanson qui était en revanche très réussie.

Bilan : Comme pour Sans foi ni loi, la chanson s’en trouve raccourcie, encore plus accessible et évidente que l'originale. Quoi de plus normale pour un titre qui aurait pu être un des singles de l’album.

 

3/ Un nom

Genèse : Frank pensait que la chanson découlait de mon riff de guitare qu’on entend au début de la chanson. Pour ma part, c’est plutôt de sa ligne de basse mais je ne me souviens plus qui a trouvé le premier sa partie. Pour le chant en revanche, je sais d’où il vient, en particulier les vocalises de la fin. Un ami musicien m’avait demandé de faire des chœurs sur une de ses chansons en studio. Le lendemain, ils me trottaient encore dans la tête lors de la composition de Un nom avec Via romance et après quelques ajustements les voix collaient sur notre titre. Pour les paroles, tout est parti de «    Joli, Paloma Picasso rit    » qui s’articulait parfaitement aux sonorités de la version en yaourt que j’avais trouvé au chant. 

Version 2020 : La refonte de Génocide ambiant à débuté avec ce titre. A l’origine, nous le débutions d’un coup sur le premier accord rythmique des guitares et sa basse survoltée puis Frank eu l’idée de l’intro. Comme pour les deux chansons précédentes, j’ai réduit cette introduction pour arriver plus rapidement dans le vif du sujet, rajoutant au passage une sorte de larsen qu’on retrouve un peu plus tard au cours de la chanson. Une transition également me gênait particulièrement après le deuxième couplet à cause d’une voix mal fichue déboulant en fin de phrase et que j’ai pu refaire pour l’occasion. En ce qui concerne la fin, elle s’emballait, se calmait pour enfin repartir. J’ai préféré abandonner cette idée. Enfin, je me suis souvenu d’une version concert de la chanson où Jean-Charles avait trouvé un impressionnant riff de guitare en forme d’arpèges que j’ai réussi à rejouer ( ce n’était pas évident car Jean-Charles savait mieux jouer de la guitare que moi ).

Bilan : Le titre gagne en rythme et efficacité. Une véritable tornade sonique et mélodique. Une de mes chansons préférées.

 

4/ Aussi belles soient-elles

Genèse : Aussi belles soient-elles raconte la période débridée ou il m’arrivait de coucher avec trois filles dans la même semaine, ce dont je ne suis pas particulièrement fière mais qui au final fait - sans rentrer dans des détails scabreux - un bon texte de chanson. A noter qu’à cette époque, pas de Tinder ou Meetic pour trouver quelqu’un dans la minute. La partie piano / voix se révèlant à la toute fin de la version 1992 avait été enregistrée lors d’une session live à Radio France Nîmes quelques mois plus tôt. Nous l’avons ensuite intégré à l’enregistrement de l’album.

Version 2020 : Premier changement dans le track-listing de Génocide ambiant qui à l’origine se poursuivait avec Arrivons à terme. Aussi belles soient-elles était également considérée par les médias comme une réussite. Je n’ai pas hésité cependant à la modifier quelque peu. Deux constantes chez Via romance : les introductions à rallonge et la construction des morceaux : des couplets, souvent des ponts et des fins fourre-tout. Pour une fois qu’il y avait un refrain ! Le premier depuis le début de l’album ! J’ai donc décidé d’en profiter pour que la construction soit plus dans les normes. Une nouvelle fois j’ai réduit l’intro en retirant les deux premières mesures ce qui la fait débuter d’une manière plus rythmée. Toujours la même chose pour la suite : des vocalises inutiles après le couplet que j’ai effacées pour passer directement au refrain. Quelques rajouts d’instruments sur un pont qui me semblait à l’origine bien vide, suivi d’un rappel du refrain tout en me débarrassant également des vocalises de la fin afin de privilégier les guitares que j’ai parfois aussi rejouées. Pour terminer, suppression de la reprise comportant juste piano et voix citée plus haut. On en reparle plus loin… 

Bilan : Au final, une chanson à la construction à peu près standard comprenant intro, couplets, refrains, pont et fin. Calibrée pour un single.

 

5/ Arrivons à terme

Genèse : Pas grand chose à raconter sur l’enregistrement de cette chanson que nous avons joué sur un mode plus ou moins automatique puisque nous l’avions déjà interprété des dizaines de fois à la salle de répétitions et en concert. Une de nos plus ancienne chanson qui comme Marie-Louise, Le plus beau jour de ma vie et Dandy Warhol figuraient déjà sur notre K7 8 titres auto-produite Arriver à terme. A l’époque, elle incluait une partie de saxophone façon ska et il est intéressant à ce propos de découvrir ces versions disponibles sur Bandcamp. D’une manière générale, les sessions d’enregistrements de Génocide ambiant ont été chaotiques et notre humeur bien mis à mal y compris aux heures des repas. Le quartier entourant le studio ne disposait que de deux endroits pour manger : un restaurant vietnamien et un bar à couscous. Au bout d’un mois, on en pouvait plus de se retrouver tous les midis et soirs dans un de ces deux établissements. Les heures de studios coutaient chères et il n’était pas question pour Island qu’on aille se balader ailleurs pour se sustenter et nous, nous étions fauchés. Par la suite, nous avons eu des avances de notre éditeur que je suis toujours à lors actuel en train de rembourser via la Sacem. Une période parisienne grise et froide qui nous changeait de notre sud ensoleillé au ciel le plus souvent bleu. Je me souviens d’une fois où, pendant que Frank et Didier Le Marchand bidouillaient le son, être complètement défoncé avec un casque sur les oreilles en train de jouer du synthétiseur avec une tonne d’effets et trouver ça… tellement génial ! Je passais pas mal de temps également à reluquer des revues porno et lorsque Pénélope est venue nous rejoindre à Paris le temps d'une paire de jours off, nous avons passé pas mal de temps au lit tous les deux. Il y a de ce fait très peu de photo de Via romance en studio. C’est dommage d’autant plus que des images ont été tournées par la maison de disque et nous même et que nous ne les avons jamais vu et encore moins pu conserver. Idem en son temps pour l’enregistrement de Arriver à terme. Le studio était loin du centre ville et donc peu de monde passait nous voir.

Version 2020 : Arrivons à terme succédait à Un nom sur le disque. Là voici après Aussi belles soient-elles pour redonner un coup de fouet au nouveau track-listing. Je n’ai rien changé sur ce morceaux à part le roulement de batterie du tout début que j’ai supprimé. Comme pour la précédente chanson : une intro, des couplets, des refrains, un pont, une fin, tout y est pour en faire un single.

Bilan : elle était pas si mal celle-là !

 

6/ Le plus beau jour de ma vie

Genèse : La chanson ne figurait pas à l’origine sur l’album mais dans la compilation Contresens des Inrockuptibles entre Kid pharaon et Etienne Daho. A noté qu’Emmanuel Tellier, le coordinateur du disque aurait préféré qu’on lui cède Marie-Louise. Le plus beau jour de ma vie a été ré-enregistré pour l’occasion car nous trouvions la version d’Arriver à terme un peu faiblarde. Pour cela, nous avons rencontré Marc Fabre de Studio Séverine qui possédait un meilleur équipement que celui où nous avions pourtant nos habitudes. A noté qu’il y a à cause de cela une erreur dans les crédits du disque qui attribuent l’enregistrement à Laurent Aiguon du Studio Tour Magne. Sur la version de Arriver à terme, c’est notre ami Mathieu Valette qui tient la basse, comme sur Marie-Louise et Simple évidence qui lui est d’ailleurs dédiée. Une poignée de personnes m’ont dit que Le plus beau jour de ma vie était une des plus belles chansons qu’ils connaissaient et rien que pour ça, je suis content d’avoir fait parti de Via romance. A cette époque, bien que n’étions que trois, nous étions vraiment comme les cinq doigts de la main.

Version 2020 : Si il y a eu finalement pour cette version 2020 de Génocide ambiant un changement dans l’ordre des chansons, c’est dû à l’apport de ce titre. Avec le recul, il est facile de prendre conscience de ses erreurs et cela en a été une de ne pas inclure Le plus beau jour de ma vie à Génocide ambiant. D’autant plus qu’il nous aurait été facile de l’enregistrer une troisième fois sans trop la dénaturer. Cependant, vu l’engouement qu’elle avait suscité, aussi bien médiatique qu’artistique, on se serait mal vu à vrai dire y changer quoi que ce soit. Dommage, pour une fois qu’on faisait l’unanimité ! Ne provenant pas des mêmes sessions d’enregistrements ni de mixages ni de studio donc, n’étant pas joué avec les mêmes instruments non plus ( en particulier la section rythmique ), j’ai dû quand même agir subtilement pour qu’elle s’imbrique à l’album. La vrai question étant «    à quel endroit la glisser pour qu’on ne remarque rien au niveau du son et pour qu’elle ne vienne non plus ternir le déroulement du disque ? «    Chose à laquelle je suis très attaché car bon nombre d’album aurait été bien meilleur si correctement track-listé, comme par exemple - et ça n’engage que moi - : le premier album des Smiths à qui il manque cruellement également le titre This charming man…

Bilan : Décidément, on ne touche pas aux icônes, en revanche, il faut leur trouver une places adéquat même si il faut envisager d’inclure un vase de l’époque greco-romaine pour décorer un studio ultra moderne aux 2 Alpes. Au fait, aurait-elle été un bon single ?

 

7/ Dandy Warhol

Genèse : J’étais assez fière de ce texte car pour une fois, j’avais un sujet peu commun même si David Bowie s’était inspiré du personnage avant moi. Lorsque Island nous a refilé un disque des Dandy Warhols, ça m’a fait tout drôle également. Sur la version d’Arriver à terme, on peut entendre Lou Reed et Nico discuter. Pour une histoire de droits, nous n’avons pas osé inclure ce passage à la version de l’album que j’ai toujours trouvé mal exploité et donc raté.

Version 2020 : Qu’est ce qui pouvait bien donner suite à Le plus beau jour de ma vie si je voulais conserver le triptyque ( Céder à l’ampleur / Un mort au paradis / La candeur en dérision ) de la fin de l’album original qui par deux des textes d’une part et par sa couleur musicale d’autre part formait un tout et ne pouvait de ce fait être réparti à tort et à travers dans cette nouvelle sélection ? Dandy Warhol évidemment ! Soit : de la pop à guitares qui redonne - qui plus est - un petit coup d’accélérateur à l’ensemble tout en étant dans la même veine. Quelques changements en revanche étaient nécessaires pour que la chanson me plaise définitivement. Cette fois, l’intro est impeccable et la chanson contient ce qu’il faut d’ingrédients pour en faire un titre standard et bien équilibré. Le hic étant sa construction. Quelques réajustements plus tard comme ce rappel du refrain et le raccourcissement de la fin agrémentée de quelques arrangements oubliés de la version figurant sur notre fameuse cassette auto-produite finissent par transformer Dandy Warhol en réussite.

Bilan : De part sa nouvelle structure, cette chanson que je n’affectionnai pas particulièrement - mis à part les paroles - s’écoute très agréablement et aurait peut-être pu s’apparenter elle aussi à un potentiel single…

 

8/ Sybill London

Genèse : J’aime beaucoup le texte de Sybill London, l’histoire de cette fille qui s’ennuie à Deauville et qui rêve d’être une star de cinéma sans y parvenir. Ca résume assez notre histoire en fait sauf que nous, nous aurions tourné un film oui, mais qui n’aurait pas marché. Une des plus jolies suites d’arpèges trouvée par Jean-Charles et mélancoliques arrangements de cordes enregistrés par Frank. 

Version 2020 : Là non plus à l’instar de Arrivons à terme et Le plus beau jour de ma vie, il n’y a rien à toucher. A mon avis, une des vraies réussites de l’album original. Pour une fois, je fais juste ce qu’il faut à la voix.

Bilan : Bonne intro, bon texte, bonne mélodie, bons arrangements et bonne fin. Que demander de plus ?

 

9/ Livrés à l’ampleur

Genèse : J’ai écrit les textes de Livrés à l’ampleur et d’Un mort au paradis à la même période, ce qui m’a donné l’idée de rassembler les deux histoires pour qu’elles se fassent écho. Le texte est directement inspiré des nuits où nous rentrions de boites de nuit avec Frank et Jean-Charles à plus de 160 km/heure bien éméchés et où nous aurions pu mourir 100 fois. Quand ce n’était pas moi qui m’en occupais, Frank arrivait à rouler des joints tout en conduisant. Le texte de la chanson est quelque peu prémonitoire tout de même lorsqu’on sait que Frank a été retrouvé mort en 2019 dans sa voiture au bord d’une route… La chanson a été composé autour de la batterie me semble-t-il, nous avons brodé autour. Jean-Charles joue toutes les guitares sur ce morceau, en revanche je tiens - pour la première et l’unique fois dans un enregistrement - l’ocarina sur le pont. François Dechery a beaucoup contribué à l’élaboration du son à cette période. Frank et lui ont passés un nombre incalculable de nuits à bosser les programmations. On lui doit sans doute l’implacable régularité du disque et certaines trouvailles sonores. Il connaissait par cœur tous les instruments et effets imaginables. Quand je l’ai rencontré la première fois, j’étais nul. Je me souviens être passé au magasin d’instruments où il bossait parce que je cherchais un effet pour ma guitare. Comme je n’y connaissais rien, il a fallu qu’il me tire les vers du nez « Tu veux un effet U2’tesque ou un effet Cure’esque ? ». Là ça me parlait. On a tous énormément apprit de lui. Aujourd’hui encore, je ne suis pas un pro du son et passer des heures sur un son n’est pas ma tasse de thé. Je préfère et de loin écrire et composer. 

Version 2020 : Là, l’introduction m’hérissait le poil. J’ai finalement réussi à isoler un moment dans ce passage pour que l’on n’entende plus les vocalises du début. OUF ! En dehors de ça, seul le pont manquait de mordant et je n’ai eu besoin que de le saupoudrer de nappes et notes de synthétiseurs pour que sa refonte soit une réussite.

Bilan : A part son titre et l’introduction, elle était pas si mal non plus celle-là sur l’album original.

 

10/ Un mort au paradis

Genèse : Un mort au paradis est donc la suite de livrés à l’ampleur. L’histoire de ce type qui se tue en voiture et qui se retrouve au ciel à demander à Saint Pierre de le ramener sur terre. Quand je parle de «    mon meilleur ami et ma fiancée    », je pense à Frank et Pénélope qui fût on peux le dire ma muse. Sur le refrain, je trouve que ma voix a des faux airs de Murielle Moreno du groupe Niagara… Avant l’enregistrement de la chanson, nous avons rencontré le dessinateur Philippe Villemin que notre producteur exécutif Elie Benali connaissait bien puisqu’il était le parrain de son fils. Nous sommes donc passé chez lui afin qu’il nous prête sa pédale wah wah. J’ai eu le privilège de visiter l’antre de l’artiste et voir de visu quelques planches en cours de fabrication. J’ai depuis conservé le faire part hilarant qu’il avait illustré pour la naissance d’Axel, le fils d’Elie.

Version 2020 : J’avais un chalenge avec cette chanson : la faire apprécier de Jean-Charles qui ne l’a jamais beaucoup aimé. De la même manière que pour certaines chansons citées plus haut, c’est la construction qui me chiffonnait et également les grognements parasitants la fin du titre. Un beau casse tête demandant qu’on s’y attelle assidûment. L’introduction, je la réduisais légèrement, la trouvant comme d’habitude un peu longue. J’ai également renforcé à trois reprises des interventions d’instruments en les doublant jusqu’à l’arrivée du break et son piano solitaire que j’enrichissais lui aussi d’un son électronique que je laissais filer jusqu’à la reprise des guitares. J’en profitais pour effacer également les interventions quelque peu ridicules de la voix. Des guitares que j’enregistrais ensuite pour masquer les grognements que j’évoque plus haut avant la reprise du refrain auquel j’ajoutais des voix et nappes de synthétiseur lui apportant ainsi une nouvelle couleur. Retirer aussi cette sorte de brouhaha qui terminait initialement la chanson - qui était une bonne idée à l’époque - avec ses sauts provoqués comme on pouvait l’imaginer par la platine CD. Cette cacophonie que j’appréciais lors du mixage mais qui s’est mué au fil du temps par une envie d’arrêter le disque avant la fin de la chanson. Stopper Un mort au paradis d’une façon abrupte et plus mélodique et juste au bon moment m’a parue être la meilleur issue pour ne pas en gâcher la fin.

Bilan : Je ne m’en suis pas tirer trop mal avec ce sac de nœud mais il faudrait demander aussi son avis à Jean-Charles.

 

11/ La candeur en dérision

Genèse : J’avais envie que ma guitare sonne d’une manière spéciale et en particulier pour mon solo et c’est notre producteur exécutif Elie Benali - ayant précédemment produit le groupe de hard-rock Vulcain sur son Label Riff records - qui m’a indiqué comment faire en tirant sur les cordes au niveau du manche. J’ai adoré le résultat. L’enregistrement des longues vocalises de la fin du morceau a été éprouvant car étant le seul chanteur, nous avons dû en superposer plusieurs pour donner l’effet escompté. Les guitares de Jean-Charles qui accompagnent la voix au début sont géniales et bien entendu les arrangement de Frank tout au long de la chanson également. Le saxophoniste Trade Marc ( qui avait revêtu un temps pour un boulot alimentaire le costume de Ronald MacDonald ) a fait un super boulot et nous étions tous très impressionné par les sons qu’il arrivait à faire jaillir de son instrument. La musique de foire qu’on peut entendre avant le final est issus d’un extrait de la musique originale de la série TV : Le prisonnier avec Patrick McGoohan. Point d’orgue ou pierre angulaire s’il en est de Génocide ambiant, La candeur en dérision laissera gravée dans ma mémoire l’image de ce petit matin ou après avoir travaillé dessus la nuit durant, nous écoutions enfin le mix final. Le studio Music’ Ange était plongé alors dans le noir, toutes lumières éteintes mis à part celles de la table de mixage automatisées, ce qui nous donnaient vraiment l’impression d’être dans un vaisseau spatial ! On a bien du rouler un trois feuilles avant l’écoute. Quelle claque ! 

Version 2020 : Appréciée ou décriée, ne laissant toutefois pas indifférent, cette chanson me faisait la même impression que Un mort au paradis. Pas bon pour le final d’un album ! Après l’écoute du disque, on a plus envie d’aller se balader à la campagne au calme que de le réécouter. Mise à part ce bémol, la chanson se devait d’être parfaite, sous entendu : être cohérente de bout en bout. Je n’ai donc rien retouché excepté la fin. Je n’y étais pas obligé mais n’ai pas résisté à la tentation de le faire puisque j’en avais la possibilité. «    Elle aime aimer sans aimer sur son île d’alizés mais l’été les nuits de nos villes sont si claires    » : Voilà la phrase qui m’a aidé à définir l’ambiance qui devait accompagner ce final. M’épaulant, tout en shuntant la musique, de quelques bruitages comme du vent, un orage, la pluie j’enchainais sur l’ambiance d’une rue parisienne que traverse de ses talons sonores notre héroïne. Puis une musique surgit dont on ne sais où ( de la fenêtre d’une habitation, la vitre ouverte d’une voiture ), l’extrait figurant à l’origine à la fin d’Aussi belles soient-elles… Les derniers moment de cette nouvelle version de l’album se veulent plus doux, apaisants, s’ouvrants sur un champs des possibles.

Bilan : Du coup, peut-être a-t-on envie de se repasser l’album ?

 

Track-listing original

01/ Sans foi ni loi ?
02/ Marie-Louise

03/ Un nom

04/ Arrivons à terme

05/ Dandy Warhol

06/ Sybill London

07/ Aussi belles soient-elles

08/ Livrés à l’ampleur

09/ Un mort au paradis

10/ La candeur en dérision

Nouveau track-listing

01/ Sans foi ni loi ?
02/ Marie-Louise

03/ Un nom

04/ Aussi belles soient-elles

05/ Arrivons à terme

06/ Le plus beau jour de ma vie

07/ Dandy Warhol

08/ Sybill London

09/ Livrés à l’ampleur

10/ Un mort au paradis

11/ La candeur en dérision

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