Via romance biographie 07/10

Après la mésaventure Music market, Marc et Frank s’offrent une escapade musical avec Mathieu Valette, l’ami bassiste de toujours et enregistre en sa compagnie deux reprises en langue anglaise du groupe noisy Drive blind que Marc adapte en français. Celui-ci enregistre des chœurs et Frank des claviers. L’occasion de se retirer quelques jours au Vigan et s’aérer loin du huit clos claustrophobe de la salle de répétition. De retour à Nîmes, Via romance au complet cette fois donnera même, en compagnie de quelques groupes de la ville, un concert de reprises du Velvet Underground à l’occasion de la sortie française du film de Susanne Ofteringer : Nico icon.

A partir de 1996, les symptômes jusque là sous jasent de la schizophrénie diagnostiqué à Frank finissent par se manifester de manières flagrantes et alarmantes. L’abus de cannabis et plausiblement d’autres substances n’arrangent en rien son comportement et sa santé mentale. Un voyage en Inde sera l’un des plus virulents déclencheurs de ses délires dévastateurs et paranoïaques. On le retrouve à parler à des êtres imaginaires quand il n’en est pas à tenir des propos incohérents inspirés de la religion bouddhiste ou des lectures de l’écrivain Carlos Castaneda. Il brise plusieurs voitures dont sa DS 21 noires qui fait un tout droit dans un rond point. Il fait peur quand il s’achètent des sabres et semble vouloir partir en guerre contre le monde entier, disparait de temps à autre quelques jours au grand dam de ses parents qui se font un sang d'encre. Souvent, Marc et Jean-Charles découvrent avec effarement qu’il a effacé les enregistrements de la veille quand il ne propose pas des mixages inaudibles de leurs chansons ou des idées loufoques. Celui sur qui une grande partie de l’aspect musical et technique reposait, semble la plupart du temps ailleurs ou s’acharne sur des détails qui n’ont d’importances qu’à ces oreilles. Les discutions à propos de l’avenir ou d’éventuels projets liés au groupe tournent en rond quand elle ne tournent pas court. C’est d’autant plus triste et malheureux que Frank est depuis toujours quelqu’un de très doux, gentil, prévenant, serviable, généreux, sensible, avec un grand sens de l’humour et de la dérision. Un ami précieux, extrêmement brillant, entreprenant, ainsi que le meilleur collaborateur et compositeur qu’on puisse imaginer.

Marc et Jean-Charles tentent bien de sauver les meubles mais sont impuissants face à la maladie. Après l’expérience Music Market, le chanteur qui veut faire peau neuve, change radicalement sa manière de chanter et continue avec Jean-Charles (ils jouent de moins en moins de guitares) à programmer parfois des séquences sur Cubase. Bien que la plupart d’entre-elles soient réalisées par Frank, il faut bien épauler celui-ci, sinon le remplacer le cas échéant, afin d’éviter le pire. Les influences du groupe flirtent désormais du côté des musiques nouvelles dont Massive attack, Triky, Daft punk ou Air sont le fer de lance. L'apport de samples renouvelle et enrichie le son et la manière de composer de Via romance mais les chansons issus de cette période malheureuse ont un goût amer et semblent vidées quelque fois de toutes substances. Leur univers semble s’écrouler inexorablement et ils sont de ce fait de moins en moins productif. De temps à autre cependant, un éclair jaillit soudain et laisse entrevoir une éclaircie même si le style des compositions et les thèmes des textes sont en revanche résolument plus sombres.

Ainsi s’achève, dans le trouble et l'inconnue la période Aubaine et déveine.