Via romance biographie 04/10

Jusqu'en mars 1993, des chroniques de Génocide ambiant paraissent dans la presse (Rock & Folk, Les Inrockuptibles, Zebrock, Show Magazine, fanzines etc…). Celles-ci sont mitigées, passant du grand enthousiasme à la déception polie. Dans Les Inrockuptibles d'octobre en particulier, par le biais d’Emmanuel Tellier, jadis grand défenseur du groupe, on découvre rédigé une chronique assassine. Tellement triste qu'il est, écrit-il, d'avoir perdu en route les créateurs de Marie-Louise, selon lui "demie-chef-d'œuvre de la pop française". Une cinglante critique qui malheureusement inspirera à priori quelques fanzines de la famille pop aux arguments moins inspirés, qui reprendront (parfois à leur compte et parfois au mot près) l'analyse acerbe du journaliste. L'utilisation d'une boite à rythmes par exemple que d'autres groupes pourtant utilisent déjà (ou ne manqueront pas d'utiliser lorsque la musique électronique s'imposera finalement) ou la voix du chanteur (qui irrite ou qu’on adore c’est selon) et qui fera également beaucoup parler d’elle. Un Jean-Daniel Beauvallet aurait-il été plus clément ? le magazine n’ayant pas eu la présence d'esprit (ou simplement le désir) d'interviewer le groupe autrefois encensé dans leurs colonnes en leur octroyant un droit de réponse ? des explications ? des circonstances atténuantes ?
Alors oui, l'album de Via romance est imparfait, ceci étant sans doute lié au fait de l'absence d'un vrai producteur qui aurait pu ? su ? canaliser, transcender les energies et les idées. Parce qu'au fond, à bien y écouter, ce disque est d'une grande richesse par rapport à bien d'autres, en particulier ceux de nouvelle pop française sorti à cette période. Il ose des choses et prend des risques (notamment sur la dernière chanson du disque "La candeur en dérision" tout au long de ses 7’44").

Fort heureusement, d'autres insistent comme le mensuel Rock’n'Folk sur les réelles aptitudes du trio pour la composition, les surprenantes trouvailles sonores de Frank Villalva aux claviers et à la programmation, les guitares limpides et inspirées de Jean-Charles Brunel ou la beauté des textes et les réelles capacités vocales du chanteur Marc Poitvin. Quoi qu’il en soit, le groupe ne laisse pas indifférent et suscite la curiosité. C'est à cela que les Via romance se raccrochent quand ils partent sur les routes de France donner quelques concerts à Marseilles, Lilles, Toulon, Montpellier, Aix-en-Provence et Nîmes, qu' Ils participent en mars à la troisième édition de La route du rock à Saint-Malo ou qu’en juin, Ils jouent en première partie du groupe Radiohead à L'Espace à Rennes.

A la fin de cette période, Steff Gotkovski de Politih Management devient leur manager durant quelques mois et le groupe est invité par France Inter aux émissions Pop club de José Arthur et Le pont des artistes de Isabelle Dhordain. On découvre un groupe peu à son aise, timide dirait-on de s’exprimer sur la radio nationale lorsqu’il ne fanfaronne pas "vouloir devenir le meilleur groupe du monde". Un grand écart qui pourrait s’associer à un manque de professionnalisme... Dans la foulée, Thierry Bezer les reçoit à Boomerang, son émission de concerts filmés sur FR3 Marseille. Là non plus, ils ne sont pas plus convainquant et donnent une prestation bien pâlichonne. Comme si tout était arrivé trop vite, qu’il n’y était pas encore tout à fait préparé, Via romance est plus à l’aise sur les radios libres ou dans les petites salles de concert.
Le groupe travaille également au cours de cette année sur les maquettes du prochain album (pensent-ils), le projet Comme à la maison. L'occasion de creuser plus en aval dans les richesses de cette musique pop qu'ils adorent et les font vibrer, de s'en abreuver et s'en délecter en se familliarisant toujours d'avantage aux joies de la composition, à la technique des re-re sur la console 16 pistes et le magnéto 8 pistes Fostex offert précédemment par leur éditeur Warner Music Chappel. L’orientation musicale tend cette fois vers les années 60 du côtés des Beatles et des Beach boys. Ils passent de longues nuits dans leur studio à peaufiner leurs chansons et peut-être à fumer du canabis plus que de raison.